La Villa romaine (Waremme – Rome)

Ce n’est pas une simple ferme. Le maître d’une villa est un notable, qui prend possession d’un domaine qui peut parfois s’étendre sur plusieurs centaines d’hectares. Il va l’aménager et y développer l’agriculture, l’élevage, la culture fruitière et maraichère. Pour cela, il va devoir défricher, drainer et irriguer des terrains, curer des fossés, assécher des marais, … Pour ses constructions, il doit installer une briqueterie et une tuilerie. Dans son personnel, il doit y avoir des maçons, des carreleurs, des ardoisiers, des bucherons, des charpentiers, des menuisiers, des charrons, des forgerons, des bourreliers, des potiers, des céramistes, des tisseurs, des tanneurs, des vanniers, … Outre cette main d’œuvre spécialisée, il doit disposer de « manœuvres » pour la constructions de routes, pour extraire les matières premières dans les carrières (sable, silex, marne, …), pour endiguer les cours d’eau, … Il doit également fournir des hommes à l’armée d’occupation. Une villa est donc une véritable agglomération, grouillante d’activité.

Les techniques agricoles sont plus évoluées que celles utilisées par les autochtones : moissonneuse de Buzenol, charrue, attelage à brancards, …).

Une villa est généralement située à proximité d’une route importante (ce qui est le cas à Waremme), ou dans un site privilégié du point de vue défensif. Elle peut servir de relais de poste et de point de ravitaillement aux troupes qui font mouvement.Les plus grandes villas peuvent d’ailleurs disposer d’une garnison pour leur protection.

Principe de l’hypocauste : les pièces de l’habitation sont construites avec un espace vide sous le sol et dans les cloisons. Ces espaces vides sont reliés au toit par plusieurs conduits de cheminées. Un four est situé contre un des murs donnant dans cet espace vide. Lorsque le feu est allumé, de l’eau est chauffée dans un réservoir ; la chaleur et la fumée, produites par le four, sont aspirées sous les sols et dans les doubles cloisons, avant de s’échapper par les cheminées. Du personnel (des esclaves) est chargé de faire fonctionner l’ensemble : apporter le bois, entretenir le feu, remplir le réservoir d’eau, …

Les « tumuli » de la région de Waremme

Le Tumulus de la Plate Tombe (actuelle rue du Tumulus, derrière le restaurant Acapulco). Il a une hauteur de 3 mètres, une longueur de 19 mètres et une largeur de 18 mètres 50. Les fouilles menées n’ont permis de découvrir que quelques pièces de monnaies romaines, car le caveau a été pillé. Le tumulus est difficile d’accès, derrière un garage et un jardin. Il est classé depuis 1979 et repris comme patrimoine exceptionnel de Wallonie depuis mai 2009. Cela signifie qu’il devrait être protégé et qu’on devrait pouvoir y accéder. Or, une dalle de béton a été collée jusqu’à sa base, d’énormes arbres et des broussailles ont poussé dessus et des tonneaux garnissent l’endroit. On ne sait même plus en faire le tour.

Les deux tumuli au Bois des Tombes sont masqués par une végétation sauvage. Ce bois privé devait, en principe, être transformé en espace public. Le tertre sud présente une hauteur de 11 mètres 90, une longueur de près de 56 mètres et une largeur de 50 mètres 70. Il surmonte un caveau carré de 3 mètres de côté et de 1 mètre 30 de hauteur. Le second tertre présente une hauteur de 11 mètres 55, une longueur de 54 mètres 25 et une largeur de 52 mètres 50. Des fouilles ont été menées en 1944. Elles ont permis de constater que le mobilier de ces tombes avait été enlevé précédemment, sans doute par quelque chercheur de trésor. Elles ont néanmoins révélé que ces 2 tumuli présentent une particularité assez rare en Belgique, à savoir la présence d’un muret entourant la base du tertre.

Les tumuli de Waremme n’ont malheureusement rien livré comme matériel archéologique, car ils ont été pillés auparavant.

La chaussée romaine de Bavay à Cologne

C’est une voie romaine reliant Bavay, capitale des Nerviens (Bagacum Nervorum), à Cologne, capitale de la Germanie inférieure ‘Colonia Claudia Ara Agrippinensium), en passant par Tongres (Atuatuca Tungrorum). C’est aussi une des sept chaussées « BRUNEHAUT », rayonnant autour de Bavay. BRUNEHAUT était une reine des Francs, morte en 613. Elle a fait réparer les routes romaines de France et de Belgique qui, de son temps, étaient tombées en ruine faute d’entretien. A Cologne, elle est appelée « Via Agrippinensis » et plus récemment « Via Belgica », par les archéologues allemands.

Elle a été construite par les Romains dès le Ier siècle de notre ère. Elle traverse la commune de Waremme d’un bout à l’autre, sans passer cependant par la ville.

C’est par elle que passèrent les Chauques, vers l’an 179, quand ils envahirent le pays ; les Francs en 388 ; ATTILA en 451. CLOVIS l’utilisa en 496 pour aller à la rencontre des Allemands qu’il vainquit près de Zulpich. Le duc de Bourgogne JEAN SANS PEUR y passa en 1408, se dirigeant vers Montenaecken, où il remporta sur les Liégeois la fameuse bataille de ce nom.

Sa longueur est de 283 kilomètres.

GUICHARDIN au 15ème siècle, cité par LE BAS Philippe en 1845, évoque des restes qu’on pouvait voir dans la Gaule Belgique d’une voie romaine tracée de Paris à Tongres, qui était une « œuvre merveilleuse », miraculeuse en raison d’une partie du tracé fait de très grandes pierres.

Ce tronçon suit actuellement la procédure qui devrait le reconnaître au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, et sauver pour les générations à venir le plus grand, et l’un des plus anciens vestiges en Belgique, des premières civilisations en Europe.

Symbole d’union, cette voie remplit depuis l’Antiquité sa mission d’échanges et de communication.

Divers sondages archéologiques ont mis en évidence son architecture. L’assise de la route comporte deux ou plusieurs couches de matériaux locaux, disposés sur un sol nivelé ; les produits fins et compacts à la base sont recouverts d’une couche de pierre ou de pierrailles. Le revêtement est le plus souvent un empierrement bien tassé plutôt qu’un beau pavement. Les recharges sont plutôt rares. Le drainage est assuré par le profil bombé de l’ouvrage et parfois par un ou deux fossés.

Une attention toute particulière a été portée à son implantation. Des fossés latéraux, tracés à 20 mètres de l’axe central, lui-même marqué au sol par une rigole, délimitent l’emprise initiale du terrain public.

Entre Braives et Tongres, son tracé traverse les communes de Geer, de Waremme et d’Oreye.

L’Empereur Claude octroie le « Droit de Cité Romain » aux Gaulois (Rome)

l'empereur claude

l’empereur claude

En 48, l’Empereur romain donne aux Gaulois l’autorisation de siéger au Sénat et d’avoir leur mot à dire dans l’organisation de l’Etat.

Des Gaulois affranchis vont prendre la direction des services impériaux, véritables cabinets de l’Empereur. Seuls les druides demeurent empreints du particularisme gaulois et s’acharnent à poursuivre la lutte contre les Romains par tous les moyens possibles, y compris et même avant tout par la religion.

L’Empereur CLAUDE va les mettre hors la loi, supprimer leur caste et interdire les sacrifices humains. Si les Belges peuvent continuer à adorer leurs dieux celtiques, ils se mettent également à pratiquer le culte des dieux romains et orientaux amenés par les conquérants.

Par la suite, ils vont, petit à petit, adopter le christianisme. L’inhumation va aussi progressivement remplacer l’incinération.

La société gallo-romaine

De – 50 à 350, les quatre siècles sur lesquels s’étend la romanisation de nos contrées, ont permis au conquérant d’introduire chez nous son sens de l’organisation. La Belgique est partagée en provinces, elles-mêmes divisées en « civitates ». Les « Tungri » de nos régions ont leur « civitas » en Germanie inférieure, dont la capitale est Cologne.

Les grands propriétaires commencent à déboiser les forêts et à planter des arbres fruitiers, inconnus jusqu’alors, tel que des cerisiers, des poiriers, des pommiers, des pruniers, … On commence également à cultiver des céréales en Hesbaye. Le grain est moulu dans des moulins actionnés par des ânes ou des chevaux. Le pain est cuit dans des fours en brique.

L’élevage se développe également. Dans le pays de Tongres, principalement des chevaux.

L’industrie se perfectionne dans les domaines du textile, de la sidérurgie, de la verrerie et du bâtiment. Dans ce dernier domaine, les Romains apprennent aux Belges à construire des maisons en brique et en pierre, pourvues d’un chauffage central à air chaud. On appelle ces maisons « villae ».

La société gallo-romaine est divisée en 3 classes sociales distinctes :

  • Les hommes libres : les grands propriétaires et les marchands
  • Les hommes « semi-libres » : Ils travaillent sur les domaines des précédents. Ils leur doivent un impôt en nature et des corvées
  • Les esclaves : ils n’ont aucune liberté et mènent une vie très dure.

L’urbanisation romaine

Les « vici » que mentionne CESAR tiennent sans doute plus souvent du hameau rural et de la petite communauté agraire que de la bourgade urbaine et les « oppida » paraissent avoir été dans nos régions plutôt refuges temporaires sur sites en hauteur qu’agglomérations permanentes. Les premières bourgades apparaissent à l’époque augustéenne, souvent en liaison avec le réseau routier mis en place par AGRIPPA. Mais les origines peuvent en être diverses : installations militaires, croisement routier ou confluent, développement d’un habitat indigène, amplification au départ d’une « statio », « mansio », « mutatio » ou « taberna » (différentes formes de relais routier), nécessité administrative ou économique.

A partir de CLAUDE, le développement urbain s’accentue et s’accompagne d’une romanisation plus marquée : constructions en dur, une certaine structuration de l’espace avec zones fonctionnelles, civile, religieuse, artisanale. Une petite cinquantaine de bourgades peuvent être dénombrées, dont la plupart doivent sans doute être considérées comme des « vici ». Seul Tongres, chef-lieu de cité, témoigne d’une organisation urbaine sur le modèle de l’urbs, avec enceinte et quadrillage. Le développement urbain maximum est atteint au 2ème siècle. Les destructions provoquées par les invasions des 3ème et 4ème siècles sont suivies de réoccupation partielle. Plusieurs bourgades se fortifient dans une surface réduite, comme Tongres.

Les Omaliens dans la région de Waremme

Vers – 5.000 et – 4.000, les Omaliens, une peuplade agricole venue de la région du Danube, après avoir remonté le Rhin et traverser l’Eifel, se fixent en Hesbaye. Ils fondent leur économie sur l’agriculture. Ils trouvent en Hesbaye des terres répondant admirablement à leurs besoins. Selon les géographes, à cette époque, la région est largement boisée, parsemée de clairières et de zones de steppes, avec des fonds de vallées marécageux et tourbeux.

Les Omaliens défrichent autour des clairières, sèment du blé ou de l’épeautre, du froment, du lin, de l’orge, de l’avoine, du millet, qu’ils récoltent à l’aide de faucilles et de houes, avant de moudre le grain à l’aide de meules.

Ces hommes se sédentarisent et façonnent leurs outils par polissage.

Les artisans omaliens excellent dans la technique de la poterie. Des vases de toutes dimensions s’inscrivent presque tous dans une portion de sphère ; seuls quelques rares fonds plats apparaissent à la fin de cette époque. Des mamelons, anses ou garnitures partagent parfois la panse du vase en 3 ou 4 parties symétriques. Des décors occupent la panse et le col des vases, en creux ou en relief. Cette ornementation caractéristique leur a valu le nom de « céramique rubanée ». Les techniques de réalisation de ces poteries atteignent leur apogée en Hesbaye.

Les mamelons sont des protubérances appliquées sur les bords ou la panse des poteries et destinées à faciliter la préhension.

L’outillage omalien se caractérise par l’utilisation de roches éruptives et gréseuses pour polir les outils. Les polissoirs et les meules à moudre le grain sont en grès ou en arkose. Les outils communs sont en silex : grattoirs, couteaux, perçoirs, … sont réalisés à partir de lames.

Ils pratiquent un rite funéraire en deux temps : crémation, puis enfouissement des cendres. On a découvert un de leurs cimetières à Hollogne-aux-Pierres.

Ils se regroupent et vivent en villages (les premiers dans nos régions) réunissant quelques habitations de bois et de torchis, recouvertes d’un toit à double pente. L’entrée de ces habitations s’ouvrait invariablement vers le Sud-est, sans doute en raison des conditions météorologiques. Ils creusent des fosses pour extraire le limon nécessaire à la construction des parois. Elles servent ensuite de dépotoirs pour les déchets domestiques. Ces agglomérations sont parfois entourées d’une enceinte. Une réplique de la maison omalienne, grandeur nature, a été construite à Omal.

On recense 6 de ces habitats dans l’entité waremmienne :

  • une vaste station, principalement localisée à Berloz, se prolonge à Grand-Axhe sur la rive gauche du Geer
  • à Waremme-Trihette, une fosse a été fouillée sur la rive gauche de la Mule
  • deux villages à Oleye Al Zepe et Waremme-Longchamps. Ils étaient protégés par une enceinte palissadée, précédée d’un fossé et pourvue d’entrées fortifiées. Le village d’Oleye comprenait 12 grandes maisons rectangulaires, dont certaines auraient été détruites par un incendie.

Trouvailles du Paléolithique dans les environs de Waremme

De – 300.000 à – 35.000, un très beau biface cordiforme, attribué à un Acheuléen récent ou à un Moustérien ancien, de tradition acheuléenne, près de Petit-Axhe, dans un chemin creux menant de Berloz à Petit-Axhe. Les silex de ce biface est à grain fin, de teinte foncée. La retouche est plate et très régulière, témoignant de l’utilisation d’un percuteur tendre. On a également découvert un racloir au Bois de Longchamps, un biface à Grand-Axhe, un éclat de débitage levallois à Oleye.

Outre les trouvailles d’outils isolés à Waremme, on a découvert un important gisement moustérien à Bettincourt. Un autre gisement, extrêmement riche, est découvert à Omal, dans la sablière Kinart. Il comprend d’abondants vestiges attestant l’utilisation de la technique Levallois à tendance laminaire, de rares bifaces, des couteaux, des pointes, des racloirs et des denticulés.

Des Archéologues sur le chantier du TGV à Waremme

En octobre 1995, les archéologues de la Région Wallonne profitent du chantier « TGV » pour fouiller la Hesbaye sur une longueur de 40 kilomètres. Depuis trois mois, une équipe s’active à Berloz et à Bettincourt.

Un Club d’Archéologie à Waremme

En 1985, un groupe d’élèves fonde un Club d’Archéologie au Collège Saint-Louis, à l’initiative de l’Abbé GILLISSEN.