Vers 1865, l’habillement se transforme. Pour la première fois, il se diversifie en habits de semaine et de dimanche pour tout le monde, et en vêtements d’été et d’hiver. Le dimanche, les hommes portent le complet noir avec le chapeau melon l’hiver, et l’été le costume de coutil avec le canotier de paille que les marchands de chapeaux de la vallée du Geer viennent vendre avec leur charrette. En semaine, ils portent un tablier de travail sur un pantalon de velours et une casquette à rabats. Beaucoup chaussent encore des sabots, mais le dimanche, de hautes bottines à lacer. L’usage de bottes est strictement inconnu.
Les femmes portent généralement la jupe (li cotte) et la blouse (li taille), de qualités très variées suivant l’état de fortune et la saison. Le châle tient lieu de manteau chez la plupart. Mais à Waremme, comme dans les villages, il y a déjà des « élégantes » qui, le dimanche et les jours de fête, vont à la Messe, corsetées, avec leur « faux-cul » et leur ombrelle l’été ou leur manchon l’hiver. Elles sont chaussées de hautes bottines, qu’on boutonne sur le côté avec un crochet.
L’alimentation, par contre, n’a guère changé. Le menu habituel partout, chez les fermiers et les petites gens, est la potée, aux choux, aux carottes, aux fèves, aux poireaux, à l’oseille, avec des tranches de lard, de la saucisse, des côtes et des vertèbres de porcs.
Le cochon est élevé dans presque toutes les maisons. Il est tué et découpé par un abatteur et mis dans la cave au saloir, dans un bain de saumure. Après un certain temps, les pans de lard, les jambons et la saucisse enroulée sur des bois arrondis, sont pendus à des anneaux vissés dans le plafond de la cuisine, et débités petit à petit, à mesure des besoins.
Chacun cuit son pain dans un four installé dans la cuisine ou dans une annexe (li forni), ou va le cuire chez le voisin s’il ne dispose pas de four.
On achète la bière au tonneau au brasseur qui passe régulièrement.
Le café est devenu la boisson de base. Le sucre est lui aussi devenu un produit de grande consommation. Il se vend sous forme de pains coniques enveloppé dans du papier et qu’on brise dans un mortier au moyen d’un pilon.
Le chocolat apparaît sous forme de grosses tablettes qu’on vend « à la découpe » dans les épiceries. Il sert à faire le cacao, qu’on prend en famille au goûter de baptême et des grands jours.
Le premier fruit exotique frais consommé dans la région est l’orange. Mais son prix, 1 franc (c’est-à-dire le salaire d’une journée pour un manœuvre), fait qu’il n’est réservé qu’aux riches et aux malades.
Chacun fabrique son vinaigre au moyen de pommes sûres qu’on écrase et qu’on laisse fermenter dans un tonneau.