En 1940, au lendemain (dans les jours qui suivent) de l’invasion de Waremme, les magasins, surtout d’alimentation, sont carrément dévalisés grâce aux marks de guerre surévalués. Il n’y a plus de costumes chez BRASSINE, à Waremme. Les troupiers ont la même odeur qu’en 14 : le cuir graissé par la transpiration, le pain sûr et la fumée des feux de tourbe.
Ils passent en longues colonnes avenue Reine Astrid : voitures, camions automobiles et hippomobiles, aux phares occultés. Cela durera quinze jours. Les soldats avancent trois par trois, à la ceinture des cartouchières, au dos un petit sac. Dessus, une toile de tente en camouflage, roulée, tenue par une lanière. Au-dessus du tout, un « pain » rectangulaire.
Intercalés entre les véhicules tirés par les chevaux, des camions dotés de mitrailleuses quadruples de DCA. Pour éviter des blessures aux chevaux, sous les harnais, du mousse de couleur rouge. Il y en a tellement que le crottin assourdit le roulement continuel. Puis, quand arrivent les gros obusiers, tout tremble.
On voit aussi des cyclistes. Leur machine est munie d’un dispositif antivol, constitué par un levier au-dessus de la tigepotte-guidon, permettant de l’enlever. Ainsi, le cycliste emporte avec lui son guidon !
Aux puits et aux fontaines, partout où le « landser » est susceptible de ‘abreuver, un camion laboratoire s’arrête afin d’analyser l’eau. Un écriteau avec le mot « Trinkwasser » est planté si l’eau est potable. Ainsi, à Longchamps, la fontaine Saint-Michel est entourée d’hommes et de chevaux.
Les pompes à essence sont réquisitionnées. Ainsi, celle du taxi DEPAS, avenue Reine Astrid à Waremme. Les Allemands placent sur les pompes des chaînes et des cadenas d’un modèle standard, dont les diverses unités détiennent chacune une clé.
La chaussée romaine est sillonnée par des convois d’ambulances. A Grand’Axhe, face à la ferme PIRSON, on enterre des morts. Le lazaret ( ?) se trouve dans les locaux de l’Ecole Moyenne, rue Lejeune à Waremme. Dans la cour stationne un camion benne. Une fois plein, il va remplir au cimetière les fosses communes.
Des gardiens surveillent 80 prisonniers de guerre français. Au collège, une section locale de la Croix-Rouge, avec du personnel civil, soigne des blessés nord-africains ou de métropole. Un dentiste, le docteur ANGENOT est le chef. Madame JEANNE, de la clinique Joseph Wauters, est l’infirmière en chef.
D’autres prisonniers français, environ 500, se trouvent au stade de Longchamps, dès le 14 mai.