La ferme en carré de Thys

En 1981, la ferme en carré de l’ancienne Seigneurie de Thys, rue Joseph Wauters, peut être divisée en deux volumes bien distincts: d’une part, le logis en L et l’église paroissiale Saint-Pierre, formant un petit rectangle qui s’ouvre à l’Est, et, d’autre part, le vaste U des bâtiments agricoles édifiés en brique et calcaire sur soubassement de silex et couvert de bâtières de tuiles et d’Eternit. Ce complexe, dressé sur un escarpement au pied duquel coulait le « R’wa », autrefois protégé par un fossé, a subi de très nombreuses modifications et trouve probablement son origine à la fin du 16ème siècle (pierre armoriée de 1576 sur le logis).

L’accès se fait au Nord par un porche en arc surbaissé doublé d’un rouleau de brique et reposant sur des piédroits harpés protégés par des chasse-roues.

Un petit bâtiment légèrement plus haut que le porche et en saillie par rapport à celui-ci, opère le lien avec le logis. Il présente un pignon débordant à épis et des bandeaux horizontaux de calcaire qui prolongent les piédroits harpés de ses trois fenêtres rectangulaires (aujourd’hui murées ou transformées).

L’imposant logis bâti sur un soubassement de silex, à l’endroit le plus escarpé de la butte, contrebalance le volume de l’église lui faisant face. A l’origine, il semble s’être composé d’une seule zone rectangulaire de deux niveaux hauts sur cave, percés côté cour de baies aux montants chaînés et prolongés de bandeaux horizontaux en calcaire. Des croupettes d’Eternit ont été ajoutées à la bâtière de tuiles. Sur cette première partie s’est greffée une aile plus basse formant le petit côté du L, éclairée d’étroites fenêtres surmontées d’arcs de décharge en briques, aujourd’hui murées et remplacées par des percements récents qui déparent d’ailleurs toutes les façades du logis. Une tourelle d’escalier aux angles arrondis se cale dans l’angle formé par les deux ailes du logis. Elle présente sous corniche une belle frise de briques dentée sur denticules, que l’on retrouve également sur toute l’habitation. A noter, à l’intérieur du logis, la présence de deux belles cheminées aux jambages de Style Renaissance. Un autre jambage de cheminée, figurant un personnage tenant un lion, est encastré dans la façade côté cour, à proximité de l’actuelle porte d’entrée.

A l’Ouest, un haut mur de briques, contre lequel s’appuient des porcheries modernes, relie l’habitation et la tour de l’église, fermant ainsi la « Cour d’Honneur » que ponctue une petite construction récente qui abrite un vieux puits.

Des étables fortement transformées, couvertes de voussettes et surmontées de fenils, bloquent les deux côtés du U destiné à l’exploitation agricole.

Une grange récente en double-large occupe le troisième côté. De belles portes d’étables à linteau cintré, doublé d’un rouleau de brique sur piédroits à queue de pierre, subsistent comme seules traces des bâtiments primitifs.

A l’extérieur du quadrilatère, vers le Nord, se rangent des porcheries modernes.

Le château de Waleffe

A la fin du 17ème siècle, le château de Waleffe est construit. Il est précédé d’une cour d’honneur garnie de nombreux parterres de fleurs et encadrée de dépendances. A proximité, une ferme est entourée de deux tours circulaires, dont l’une constitue le vestige d’un château plus ancien.

Le nouveau Château de Selys-Longchamps (Waremme)

En 1810 est construit le nouveau château de Longchamps. C’est une des rares demeures d’importance, de style premier empire, qui existe en Belgique où, dans l’ancien Pays de Liège, dont Waremme fait partie, le style « Louis XVI » continue sa carrière.

Précédé par une magnifique drève classée et entouré d’un parc remarquable, c’est l’une des plus belles demeures « Empire » de Wallonie. Il a été construit, par l’entrepreneur liégeois DUCKE d’après les plans de l’architecte parisien DUBOIS Aimé, à la demande de DE SELYS-LONGCHAMPS Michel-Laurent. Les sculptures sont l’oeuvre de MONGIN.

Le bâtiment principal, en briques enduites et calcaires, se dresse au fond de la cour d’honneur. La simplicité de ses lignes, jointe au raffinement des détails, lui confère une rare élégance. Notons le porche qui précède l’entrée, reprenant la structure classique appelée « serlienne », et l’originale annexe qui rappelle la « tente de Napoléon durant la campagne d’Egypte » greffée sur la façade latérale. Cette allusion à la tente de Napoléon se retrouve dans la décoration de la salle de billard. Ces allusion historico-architecturales marquent l’engouement du commanditaire, DE SELYS-LONGCHAMPS Michel-Laurent pour la culture française en général et la vie de l’empereur en particulier.

L’aile perpendiculaire en briques et calcaire qui clôt la cour à droite abritait les écuries. La porte centrale, datée de 1720, est surmontée des armoiries « DE SELYS » et « FABRITIUS ».

Le pavillon isolé qui se dresse à l’angle gauche de la cour constitue un vestige de l’ancien château. Il date du début du 18ème siècle.

A l’origine chapelle privée de la famille DE SELYS, l’église Saint-Michel deviendra temple paroissial en 1928. La nef, probablement du 18ème siècle, sera alors agrandie d’un transept, d’un chœur et d’un clocher en façade. L’ensemble mêle harmonieusement la brique, le calcaire et le tuffeau, sur un soubassement en moellons de grès.

Le château de Longchamps a le mérite d’être une des rares demeures d’importance de l’époque du Premier Empire (1810) qui ait existé en Belgique, en un temps où dans l’ancien Pays de Liège, le style Louis XVI continuait sa carrière. Feu le Baron DE SELYS-LONGCHAMPS Maurice, grand amateur d’art, avait meublé ce château en harmonie avec l’époque de sa construction. Le corps de logis rectangulaire impose ses lignes horizontales. Un péristyle, des toitures cachées par un attique de 13 fenêtres régulièrement perçées le caractérisent. Un vaste parc a conservé à cette demeure le témoignage charmant de sa grandeur passée. Longchamps fut bâti par DE SELYS-LONGCHAMPS Michel-Laurent (1759 – 1837), qui fut président de la nouvelle administration municipale de Liège en 1795, l’année de la réunion de la Principauté de Liège à la France, et maire en 1800, sous le Consulat. De belles fêtes s’y tinrent au temps de l’Empereur. DE SELYS-LONGCHAMPS Michel-Laurent avait épousé GANDOLPHE Marie Denise, née à Paris le 19 mars 1777 et décédée au château de Longchamps sous le Second Empire, le 28 octobre 1857. GANDOLPHE Marie Denise était fille de GANDOLPHE Mathieu-Joseph et de D’ARAN DES CASTANS Denise-Jacqueline. Elle résida souvent à Paris sous l’Empire. C’est elle qui, dans un groupe de porcelaine de France conservé au château de Longchamps, figure sur les genoux de sa mère. On lui doit vraisemblablement l’acquisition d’une autre céramique ornant cette demeure : une copie en terre cuite de l’hermaphrodite Borghèse, exécutée à Paris, datée de l’an X et signée de RUTXHIEL Henri-Joseph (Lierneux, 1775 Paris, 1837), statuaire de l’Empire.

A l’intérieur, dès le vestibule, les lignes classiques s’imposent dans les encadrements de portes en marbre gris, les frontons triangulaires, les bronzes ciselés aux lignes grecques. La grande salle à manger porte des décors simulant des marbres citrons, couronnés d’une frise en camaïeu gris où jouent des amours, mutins et gracieux, relevant encore du style « Louis XVI ». Une niche, où s’abrite un Adonis dans une posture avantageuse, complète cet ensemble de qualité. Nous y trouvons un mobilier Empire : une console-desserte, une paire de crédences, deux fauteuils et des chaises. Dans le salon, ce sont plusieurs pièces d’un excellent mobilier, également Premier Empire, exécuté à Paris et comprenant huit chaises, huit fauteuils et un divan. Un des types du fauteuil avec têtes de l’égyptienne rappelle les sièges remarquables de Fontainebleau. Une table-guéridon « Louis XVI » en invoque une autre, estampillée DUBOIS. Mentionnons enfin un lavabo-athénienne à décor, en bois doré.

A l’étage, des chambres sont parées de palmettes, de grecques et de colonnettes. On verra à Longchamps bien d’autres meubles, ainsi que des céramiques (particulièrement un bel ensemble de pièces en porcelaine française du premier quart du XIXème siècle), de l’argenterie et des tableaux. Les pièces d’une partie d’un service, dont le complément appartient à une autre branche DE SELYS, proviendraient, d’après la tradition, du service donné par BONAPARTE Napoléon au général LOISON, qui habita le château de Chockier sous l’Empire. La Baronne DE SELYS-LONGCHAMPS Michel veille avec bonheur sur la vaste résidence de l’ancien maire de Liège.

Dans la cour du château, sur un panneau encastré dans le vestige d’une ancienne tour, figure la date de 1420.