Le coffre du dernier des Pères Récollets de Waremme est détruit

En 1894, POUSSET Fulvie brûle le coffre que le dernier des Pères Récollets, MATHY Ignace, avait confié à son grand-père POUSSET.

L’histoire de ce coffre commence en 1796. La Révolution Française vient de supprimer le Couvent des Pères Récollets de Waremme. Les Pères se sont dispersés. Seul l’un d’entre eux, le vieux MATHY Ignace, ne peut se résoudre à quitter Waremme. On le voit souvent entrer dans une modeste demeure, située en face du Couvent désaffecté. C’est là que vit la famille POUSSET.

Un beau jour, le Père MATHY charge sur une brouette un grand coffre et il traverse la rue pour s’installer chez POUSSET. Il y vit plusieurs années.

Un soir, il s’adresse ainsi à POUSSET : « Ami, ce coffre contient les archives du Couvent. Je t’en confie la garde. Jure-moi de veiller sur lui, de ne jamais l’ouvrir et de le confier à ton tour à ta descendance. Ami, je vais bientôt mourir. Jure-moi aussi de brûler ce coffre si les circonstances t’obligeaient à t’en dessaisir. » POUSSET lui en fait le serment.

En 1809, le Père MATHY décède. On l’enterre entre la chapelle et la sacristie de la vieille église. Les années passent. Parfois quelqu’un interpelle POUSSET : « Et alors ? Et le coffre ? Et tes vieux papiers ? » Invariablement, POUSSET Répond : « J’ai juré, m’fi, j’ai juré. » D’autres années passent encore, la grande salle du Couvent résonne aux accents de la Société d’Harmonie qui s’y réunit pour répéter. En face, le vieux POUSSET n’est plus là pour l’écouter. Sous les admirables voûtes en brique de la brasserie du Couvent, FRAIPONT-HEINE Louis a maintenant installé son atelier de charron. Les enfants POUSSET ont quitté la demeure paternelle pour s’installer un peu plus loin, à l’emplacement de la maison de la veuve GOVAERTS-STIERNET. Bientôt, il ne reste plus qu’une vieille fille, POUSSET Fulvie. Elle veille toujours sur le coffre.

En 1894, POUSSET Fulvie se sent si lasse … Avec sa servante, CHABOT Marie-Anne, elle descendent péniblement le coffre du grenier. « Quel poids ! Que peut-il bien y avoir là-dedans ? » dit la servante. « Taisez-vous, Marie-Anne personne ne le saura », répond Fulvie. « Allons, venez ! Transportons-le dans le jardin et allez quérir, à la cave, la bouteille d’huile de pétrole. »

Dans le jardinet, tout contre la rue, au pied du mur de l’ancien corps de garde, le coffre brûle. Fulvie regarde les flammes dansantes qui rongent le bois vermoulu. Fulvie n’a pas oublié fait par son grand-père au Père MATHY.

Marie-Anne songe aussi, appuyée sur le manche de sa fourche. Elle aurait tant voulu savoir ce que contenait ce coffre. Elle n’est pas la seule. Arrêtés devant le treillis du jardin, deux jeunes hommes brûlent également d’envie de consulter ces manuscrits centenaires : STIERNET Jules et WAUTERS Joseph …

(Ancienne tradition orale)

Il y aura un Couvent des Récollets à Waremme

Le 12 octobre 1624, l’Evêque de Liège, DE BAVIERE Ferdinand, autorise l’érection de ce couvent, à la rue du Pont, par un courrier.

Il est construit grâce à la munificence du seigneur DE BOCHOLT et à la bienveillance des autorités locales. L’église sera bâtie plus tard par ordre de Charles de Lorraine qui, pendant plusieurs années, aura été un fléau pour le pays.

L’acte d’érection du couvent des Récollets, signé par le Vicaire Général, CHOKIER J. A., porte qu’il est construit sur l’emplacement d’un hôpital en ruine, mais à la condition expresse que les religieux n’aient aucun droit aux revenus de cet ancien établissement. Ces revenus doivent rester affectés à leur destination primitive. (Nous ne savons pas à quelle époque remonte la fondation de cette institution de bienfaisance. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’elle existait déjà en 1345. L’hôpital de Waremme avait des revenus à lui propres. Un des bourgmestres était chargé, en qualité de mambour, de les administrer.) Après la destruction de l’édifice, la mambournie de l’hôpital resta distincte de celle des pauvres. (On peut en conclure que l’hôpital était primitivement une espèce d’hôtellerie pour les voyageurs pauvres). D’un commun accord, les Waremmiens offrent de fournir aux Pères Récollets une maison et un jardin, déjà situés sur les ruines de l’ancien hôpital.

En 1634, diverses donations sont faites aux Récollets. JOSSAR Mathieu donne un terrain pour la brasserie. La demoiselle DE NEURCOURT Anne, veuve de LA BRICQUE Guillaume, donne un terrain sur lequel sera construit le chœur. La famille VAN DER HEYDEN A BLISIA donne la lampe du Saint Sacrement. Enfin, DE MONTFERRAND Agnès et Jean font don des orgues.

C’est le père MARCHANTIUS (MARCHANTINS, MARCHANT ?), provincial des Flandres (supérieur de tous les couvents Franciscains de la région – les Récollets sont une ramification des Frères Mineurs Franciscains), qui est chargé de l’organisation de la nouvelle communauté. La maison compte de huit à dix pères. Il s’y donne un cours de philosophie.

Le couvent abritera jusqu’à 30 religieux et possédera un cloître.

Les Pères Récollets cultivent un potager d’une superficie de 25 verges, traversé par le Geer.

Les Récollets ont une brasserie, dont les voûtes de briques font l’objet de l’admiration des amateurs. (A l’emplacement de cette ancienne brasserie, au n° 47 de la Rue Hubert Stiernet, s’installera l’imprimerie de DETHISE Fernand.)

La fin du Couvent des Récollets. En 1796, la Révolution française vient de fermer le couvent des Pères Récollets. Les pères sont dispersés. Le couvent  est vendu avec l’enclos y attenant (un bonnier vingt-cinq verges) le 21 août 1797 pour 12.500 livres. Un des Pères Récollets, le vieil MATHY Ignace, ne peut se résoudre à quitter Waremme. On le voit souvent entrer dans une modeste demeure, située en face du couvent désaffecté. C’est la maison de la famille POUSSET. Il y passe quelques années. Il confie au maître de maison un coffre, contenant probablement les archives du couvent, en lui demandant de veiller sur lui, de ne jamais l’ouvrir et de le confier à sa descendance. Il lui fait promettre de brûler ce coffre si les circonstances devaient l’obliger à s’en dessaisir. Il se consacre également au service paroissial. En 1808, il deviendra même vice-curé, à cause du grand âge du desservant, l’abbé HUBAILLE, qui aura alors plus de 80 ans. père Ignace MATHY mourra le 20 décembre 1809 et sera enterré entre la chapelle et la sacristie de la vieille église. En 1894, la vieille POUSSET Fulvie se sent arriver au bout de sa vie. Elle tient à respecter le serment fait par son père au père MATHY Ignace. Aidée par sa servante, CHABOT Marie-Anne, elle descend péniblement le lourd coffre du grenier, par un escalier étroit. Elles arrosent le coffre de pétrole, avant d’y mettre le feu, dans son jardinet, au pied du mur de l’ancien corps de garde.