Mode de vie en Hesbaye au début du 19ème siècle

Entre 1806 et 1813, le Français THOMASSIN Louis-François rédige Le « Mémoire Statistique ». Il est chef de la division des finances à la Préfecture du Département de l’Ourthe.

Il décrit un peuple très attaché au catholicisme et aux figures ecclésiastiques qui l’incarnent; mais aussi un peuple peu instruit et revendicatif, friand de procès.

Il trace une ligne de partage entre Flamands et Wallons, mais surtout entre classes sociales. Les rares fermiers, propriétaires et locataires, exercent un réel pouvoir sur les nombreux ouvriers agricoles et manoeuvres, qu’ils peuvent congédier à discrétion et qui nourrissent dès lors à leur endroit une rancune tenace.

THOMASSIN observe, par ailleurs, un paradoxe: bien que vivant sur le sol le plus productif du département, le Hesbignon se nourrit très mal, préférant exporter le fruit de son travail et s’alimenter de pain de seigle mal cuit, de lard et de pommes de terre. Seuls les plus aisés dérogent à cette règle.

Il note la présence de débits de boissons dans chaque village mais l’absence presque totale d’auberges, sauf sur la route de Liège à Bruxelles et à Waremme même.

De ce portrait, peu flatteur, on peut encore épingler deux traits significatifs:

  • l’importante consommation d’alcool (de bière et, surtout près de la Meuse, d’eau de vie de grains) qui ne contribue guère à apaiser les esprits;
  • une conception très utilitariste des priorités. THOMASSIN écrit, en effet, que le fermier et le cultivateur de Hesbaye se déterminent difficilement à la plus légère des dépenses pour faire administrer des secours à sa femme et à ses enfants lorsqu’ils sont malades. Par contre, ils prodiguent l’argent dès qu’il s’agit de procurer des remèdes pour leurs chevaux, leurs vaches, leurs moutons, …

Le salaire (Waremme)

En 1842, un ouvrier de la région de Waremme gagne de 50 centimes à 2 francs par jour dans l’industrie et 52 centimes dans l’agriculture. Il est souvent obligé de se fournir chez son patron en nourriture et en vêtements.

La vie à Waremme vers 1740

Comment vit-on à Waremme et dans les villages avoisinants vers 1740 ?

Pendant des années, la succession des désastres n’a pas permis à la ville de se développer beaucoup. En 1736, il n’y a dans l’enceinte de Waremme que 80 ou 90 ménages (soit 400 ou 500 personnes), dont 40 sont inscrits au registre des pauvres. La population est presque entièrement agricole : on ne compte que 5 ou 6 petits boutiquiers de mercerie, avec 9 à 10 revendeurs de bière. Il faut ajouter, cependant, qu’il y avait, en outre, en dehors des portes, de nombreuses habitations.

La nourriture : Le Hesbignon, bien que placé sur le sol le plus productif, se nourrit mal. Il mange du pain de seigle, toujours mal cuit, parce que à défaut de bois on chauffe le four avec de la paille. Les propriétaires et les fermiers aisés mangent de la viande fraîche, des légumes, boivent de la bière forte. Les autres habitants se nourrissent de lard parfois, de légumes et des pommes de terre dont l’usage se répand. Dans les cabarets, outre la bière, on trouve du pèkèt de grains.

L’habillement : Tous les hommes portent le sarrau bleu, plat et sans plis, qui descend jusqu’aux genoux, une veste de laine grise, des bas de laine, une culotte de toile ou de coton, mais le pantalon n’est plus exceptionnel. Le chapeau rond est à la mode. On porte un mouchoir blanc ou de couleur comme cravate. Les souliers forts et les sabots sont la chaussure habituelle pour les travaux dans les écuries et autres travaux agricoles ; mais pour les dimanches, on porte des souliers, plus ou moins fins, selon l’état de fortune…

Les femmes sont assez grandes et fortes, mais elles ne se font pas remarquer par de beaux traits et des formes régulières. Elles ont comme les hommes un visage peu rempli, avec des os saillants, les yeux enfoncés et presque pas de gorge : l’usage de porter des fardeaux sur la tête ou sur le dos les fortifie, mais il nuit à leur taille qui n’est ni élégante ni bien prise.

Le costume des femmes consiste ordinairement en une capote et une jupe d’étoffe de laine désignée ici sous le nom de moutonne. Elles ont une cornette de toile de coton et leurs cheveux, retroussés par derrière, forment un chignon très saillant. En tout temps, leur tête est enveloppée par un mouchoir de couleur plié diagonalement et noué sous le menton. Elles portent des bas de laine et, outre les sabots qui sont leur chaussure ordinaire et pour tous les travaux de la campagne, elles ont presque toutes, pour les jours de fêtes et les voyages, des souliers avec de grandes boucles d’argent qui leur couvrent tout l’avant-pied.

L’agriculture : Les cultures sont l’épeautre, le froment, l’avoine, l’orge, le seigle. L’avoine, le trèfle et la luzerne sont la nourriture principale des chevaux. Sont aussi cultivés : la pomme de terre, le chanvre, le colza et les fèverolles. L’assolement triennal ou quadriennal a remplacé le système de mise en jachère. Vesces, fumier et marne sont les engrais.

Peu de changements concernent les instruments agricoles. En remplacement progressif de l’antique araire apparaît la charrue à tourne-oreille et avant-train sur roues qui permet de labourer dans les deux sens. Les semailles se font à la main au moyen d’un linceul en toile suspendu autour du cou et qu’on torsade autour du bras gauche ; tout l’art, difficile, du semeur consiste à remplir la main droite et à laisser filer les grains suivant un éparpillement convenable d’un pas régulier. On échenille, on échardonne et on arrache le sené (ravrouhe).

La moisson commence à se faire à la « s’kêye »et au « graw’tê » de préférence à la grande faux. Les gerbes sont liées avec la paille tressée du seigle et dressées en dizeaux. Les gerbes sont rentrées par chariots ou charrettes aux roues cerclées de fer. Le battage s’effectue au fléau par groupe de deux hommes et on sépare les grains des balles au moyen du van, puis on inventera le soflâ. On voit apparaître les moulins à vent.

De nouveaux blessés arrivent à Waremme

De nombreux blessés français des sanglants combats de Hannut et de Jodoigne, sont amenés au Collège Saint-Louis de Waremme, transformé pour la circonstance en hôpital de campagne.

Les contributions aux armées françaises sont lourdes (Waremme)

Le 10 août 1675, les villages des environs de Waremme se débattent également dans des difficultés financières. Les Français, casernés à Huy, les somment de leur verser 834 patacons. Les troupes de LEAU réclament aussi des contributions de guerre. Un otage est pris dans chaque commune. Ces prisonniers sont envoyés à Huy, où ils seront détenus 36 jours. Ce qu’ils coûtent en nourriture est exigé en plus du tribut initial.