En janvier 1940, ROULTIAU Eugène Guillaume est ouvrier agricole à Waremme.
Archives par mot-clé : ouvrier agricole
Naissance de Guillaume Chabot (Waremme – Berloz)
Le 13 avril 1889, CHABOT Guillaume voit le jour à Berloz. Il sera ouvrier agricole à Waremme.
Guillaume Chabot, ouvrier agricole (Waremme)
En janvier 1940, CHABOT Guillaume est ouvrier agricole à Waremme.
L’alimentation en 1846 (Waremme)
En 1846, la proportion de l’alimentation, dans le budget d’un ouvrier agricole à Waremme, est de 60%. Le pain, à lui-seul en représente 30%.
Portrait d’Hubert Krains
En mai 1934, portrait de KRAINS Hubert.
KRAINS Hubert est né en 1862 à Les Waleffes, typique village hesbignon. La vie dure d’ouvriers agricoles que menaient ses parents lui permit de connaître très tôt, par l’observation directe, l’existence paysanne. Simultanément s’émouvait sa sensibilité aux choses, aux êtres et aux paysages de son terroir.
Après l’école primaire à Les Waleffes, il fréquenta durant trois ans, de 1875 à 1878, le collège Saint-Louis de Waremme où se manifesta déjà dans ses travaux de composition française un certain don pour la description de la nature.
Le trajet pédestre de Les Waleffes et vice-versa (environ quatorze kilomètres au total), les jours d’école, permit à cet adolescent attentif, sensible et doué, de sentir la nudité du paysage hesbignon en même temps que son agreste beauté, matrices de l’œuvre de ce frère de sa campagne natale.
Des difficultés financières l’empêchant de poursuivre ses études secondaires, il quitte le collège pour aider son père aux travaux des champs. Il s’attache ainsi de plus en plus à la Hesbaye et à ses habitants, toujours à la tâche pour subvenir aux besoins des leurs.
Son père, conscient de ses qualités intellectuelles, l’oriente vers une carrière administrative, à défaut de lui permettre d’étudier l’art vétérinaire. A seize ans, l’adolescent réussit un examen d’aide-télégraphiste, poste qu’il occupera d’abord à Morlanwelz, ensuite à sa grande joie à Fallais-sur-Mehaigne, près de Les Waleffes, de 1880 à 1882. En mai 1882, il est nommé commis de troisième classe à l’administration centrale des postes à Bruxelles et quitte, le cœur sans doute un peu serré, sa chère Hesbaye. KRAINS Hubert était animé d’une incessante volonté de perfectionnement, tant dans son métier où il gravira tous les échelons que dans l’art littéraire où ses recherches seront constantes et fructueuses, puisqu’elles aboutiront à une œuvre en tous points digne d’intérêt.
En 1895, il a trente-trois ans, il est nommé à Berne, secrétaire du Bureau International de l’Union Postale. Il y restera jusqu’en 1911.
Durant sa « période bruxelloise », c’est-à-dire de 1882 à 1895, il avait rencontré STIERNET Hubert, professeur à Schaerbeek. Ils firent souvent les trajets en train de Bruxelles à la Hesbaye et vice-versa, débuts d’une imperfectible amitié.
Les années quatre-vingt sont considérées par beaucoup d’historiens comme le véritable éveil de le littérature belge. Deux revues s’imposent : l’une, La Jeune Belgique, fondée en 1881 par BAUWENS Albert et rachetée peu après par WALLER Max ; l’autre La Wallonie, fondée en 1886 par NEUJEAN Xavier et MOCKEL Albert. KRAINS Hubert s’était mis à taquiner la muse et avait envoyé ses vers à WALLER Max, qui les rejeta parce que « trop baudelairiques » (sic). C’est pour cette raison que, dépité, KRAINS Hubert se rapprocha du groupe de MOCKEL Albert et put y rencontrer ceux qui influencèrent son œuvre, notamment l’avocat DEMOLDER Eugène, féru d’art et de lettres. Ce dernier lui donna des leçons de latin, l’ouvrit à la poésie des vieilles choses en même temps qu’à un certain panthéisme.
S’accomplit la prévisible rupture entre Symbolistes et Parnassiens : les premiers, dont EECKHOUD Georges, VERHAEREN Emile et KRAINS Hubert, quittèrent La Jeune Belgique pour fonder Le Coq Rouge.
EECKHOUD Georges orienta notre auteur vers les auteurs russes, anglo-saxons et scandinaves : IBSEN, TOURGUENIEFF, DOSTOIEVSKI, TOLSTOI, … Il se nourrit de ces œuvres et opte alors pour la prose. Son premier texte, Croquis nocturne, paraît le 15 septembre 1887 dans La Wallonie. En décembre est publié La Maîtresse du paysan. En 1888 sont livrés au public Le Joueur d’orgue et Maisons borgnes. Il écrit aussi dans de nombreuses revues littéraires des articles de critique et des récits, dont la plupart seront réunis en deux volumes, Les bons parents (1891) et Histoires lunatiques (1895). En 1894, il épouse THIBAUT Juliette, née à Grand-Hallet, près de Les Waleffes. Ils n’auront pas d’enfants.
Le séjour à Berne (1895 – 1911) lui permet d’approfondir son œuvre. De ces années de solitude forcée naîtra l’évocation des habitants et des mœurs de sa Hesbaye dans Amours rustiques (1899), Le pain noir (1904) et Figures du pays (1908). L’élaboration de ces œuvres sublime son sentiment de nostalgie.
Porté au pinacle par la critique et le public, il reçoit en 1908 la croix de Chevalier de l’Ordre de Léopold et, l’année suivante, le prix littéraire de la province du Brabant. En 1911, il rentre en Belgique avec son épouse, pour raison de santé.
A partir de 1912, il s’attelle à la suite de son œuvre. C’est la gestation patiente de Au cœur de blés et de Mes amis. Durant la guerre de 1914 – 1918, il refuse de participer à une tentative de scission administrative du pays, en s’affirmant Wallon, mais tenant de l’unité nationale.
Poursuite de sa carrière administrative : en 1917, il est inspecteur de direction et en 1920, directeur d’administration. De 1925 à 1927 (date de sa retraite), il sera directeur général des postes belges. Elu président de l’A.E.B., il participa à de nombreuses activités culturelles et c’est en 1920 que le Roi ALBERT 1er le choisit avec treize autres écrivains pour former le noyau de notre Académie Royale de Langue et de Littérature Française de Belgique, créée à l’instigation de DESTREE Jules.
Envoyé à l’étranger comme représentant de notre pays à des congrès de l’Union Postale Universelle, il séjourne à Washington, Rome, Madrid, La Haye, Londres et Stockholm. En 1921, il obtient le prix triennal de littérature qui vient couronner Mes amis, recueil de nouvelles auquel il a travaillé treize ans. Il faut ajouter que Le pain noir a été traduit en néerlandais par la sœur de VAN GOGH Vincent. En wallon pour la scène, DURBUY Joseph s’est inspiré de textes de KRAINS Hubert pour Li phosphate, pièce créée en 1928.
En juillet 1926, ses pairs, les écrivains, lui offrent en hommage une plaque de bronze due au ciseau du sculpteur BROUNS où l’artiste figure deux adolescents donnant Le pain noir à l’immortalité. Elle est apposée aujourd’hui sur le mur du cimetière de Les Waleffes où repose KRAINS Hubert.
KRAINS Hubert s’adonne ensuite à des études critiques sur la littérature belge d’expression française et les réunit en 1930 dans Portraits d’écrivain belges.
Le dix mai 1934, il tombe du train en gare de Bruxelles-Nord. Broyé sous les roues, comme LEDUC Jean, tragique héros qu’il a laissé à la postérité, protagoniste du Pain noir.
La vie d’une famille d’un ouvrier agricole (Waremme)
En 1855, la famille d’un ouvrier agricole peut être composée de six personnes : le père et la mère, jouissant encore de toutes leurs forces et de toutes leurs facultés, et quatre enfants (un garçon de 16 ans, une fille de 12 ans, un garçon de 6 ans et une fille de 2 ans). Cet ouvrier est indigent et est secouru par le bureau de bienfaisance de la ville (qui lui paie le médecin, le pharmacien, les frais relatifs à l’instruction des enfants, et qui lui fournit parfois un peu de pain).
Il loue une petite maison composée de trois pièces : une cuisine et deux chambres, avec un grenier, une petite cave, une étable à vache, un toit à porcs, un jardin de 4 ares, mais sans puits, ni four.
Pouvant se procurer du trèfle, de la paille de seigle, de froment et d’avoine, il nourrit une vache, une truie et un cochon qu’il engraisse. Il obtient ainsi une certaine quantité de fumier. Il tâche d’avoir en location une parcelle de terre à cultiver. Mais malheureusement, il ne l’obtient qu’à un prix élevé. S’il peut obtenir une pièce de terre de 52 ares, il la sème en partie en froment et affecte le surplus à la plantation de pommes de terre et de betteraves. Il peut se passer de prairie, vu qu’en été les enfants conduisent le bétail le long des chemins publics ou dans de vaines pâtures, ou vont chercher de l’herbe dans les champs de blé.
Si la vache est bonne laitière, elle peut fournir tout le lait et tout le beurre dont il a besoin pendant une année entière. Mais souvent, il est obligé de vendre son beurre ou son lait pour se procurer d’autres aliments ou des vêtements. La famille doit alors manger son pain sec.
A l’exception de la kermesse, où il se permet de la viande fraîche, il n’a d’autre viande pendant toute l’année que celle du cochon qu’il a engraissé. Il en conserve la plus grande partie pour le temps des moissons. En dehors de cette période, il n’en mange qu’un peu le dimanche. Sa boisson consiste principalement en café, mélangé d’une forte partie de chicorée. S’il boit de la bière, ce n’est que pendant la moisson. Il en consomme ordinairement 2 hectolitres avec toute sa famille.
Les ouvriers agricoles s’engagent à Pâques ou renouvellent leurs engagements avec un cultivateur pour couper et engranger sa récolte de céréales, de trèfle et autres fourrages. Néanmoins, l’entassement dans la grange ou la fabrication des meules sont à charge du fermier, qui engage à cet effet des « entasseurs » qu’il paie en argent : ordinairement 60 francs de gage pour 3 mois et la nourriture.
Si une famille d’ouvriers fournit deux hommes pour couper et deux autres personnes pour lier les gerbes et les dresser, cela s’appelle « Faire la Moisson Entière ». Quand deux familles se réunissent et qu’elles fournissent chacune un homme pour couper et une autre personne pour lier et dresser les gerbes, cela s’appelle « Faire la Demi-Moisson ». Si une famille veut faire une moisson entière, n’ayant qu’un seul homme pour couper, elle doit louer un assistant pour une somme de 50 à 60 francs et, en outre, lui procurer sa nourriture.
Dans la commune de Waremme et dans les communes environnantes, on récolte toutes les céréales avec la « Pique ». Au moyen de cet instrument, un ouvrier ramasse et réunit mieux les épis ensemble, surtout lorsque le grain est versé, et il fait seul la javelle. Le chaume est coupé plus près de terre. Il y a donc moins de perte pour le fermier. Avec une faux, un ouvrier fait presque le double d’ouvrage, mais il doit être suivi d’un fort garçon ou d’une fille robuste, qui ramasse le grain coupé et le met en javelles. Pour un fermier qui a une exploitation de 100 hectares, il faut au moins dix ouvriers avec la pique.
Les ouvriers agricoles reçoivent leur salaire en nature. Le « tarif » diffère selon les localités. Ainsi, à Waremme et dans les environs, ils perçoivent 5%, 5,5% ou 6% de chaque espèce de récolte et ils ont la faculté de pouvoir choisir leur quote-part dans la pièce de terre qu’ils désirent (pourvu qu’ils la prennent sur le bord et non au milieu de la pièce). Lorsqu’ils ont fait leur choix, un arpenteur est appelé pour mesurer leur quote-part, avant que cette partie soit coupée. Ils font ensuite le partage entre eux, quand le grain est en gerbes.
Les ouvriers agricoles qui ont fait la récolte d’un cultivateur, sont aussi chargés de la battre. Les assistants, que les ouvriers ont éventuellement engagés, ne battent pas. Mais ils sont remplacés par les entasseurs, de manière que le nombre de batteurs en grange est presque toujours égal au nombre d’ouvriers qui ont fait la moisson. Ils reçoivent 5% du produit de toutes les céréales ou fourrages qu’ils battent, mais n’ont aucune part dans la paille.
Après avoir battu les gerbes de seigle et de froment du fermier, les ouvriers agricoles s’occupent de battre chez eux, la part de récolte qui leur est dévolue. Ils conservent ordinairement le seigle pour leur propre consommation et la paille pour leur bétail, mais ils vendent le froment, l’avoine et les féveroles pour payer la location de leur habitation, de leur lopin de terre, et acquitter d’autres dettes qu’ils ont pu contracter.
Le battage en grange recommence à la Toussaint et dure souvent jusqu’au 1er avril. Dans l’entre-temps et après le premier avril, l’ouvrier agricole travaille aussi à la journée pour le fermier : il l’assiste à récolter les pommes de terre, à bêcher le jardin, à tondre les haies des enclos, vergers ou prairies, à curer ou à rétablir les fossés, à couper le foin, … Pour ces tâches, il gagne 60 centimes par jour, sans la nourriture (excepté lorsqu’il coupe le foin ; dans ce cas, il est nourri ou on lui paie double-journée). La femme de l’ouvrier agricole est employée à la plantation des pommes de terre, au sarclage du jardin, des betteraves et des carottes, à la confection des « hochets » (boulettes de charbon), … Pour ces tâches, elle gagne également 60 centimes par jour, sans nourriture. L’ouvrier agricole, employé à la journée par le cultivateur, est donc bien mal rétribué.
Quand l’ouvrier agricole a terminé les travaux du fermier, vers l’époque du 1er mai, et jusqu’à l’époque du 1er juillet, il cherche d’autres occupations. Il peut reprendre un métier de maçon, de briquetier, de scieur en long, se rendre dans les endroits où l’on exécute de grands travaux, ou encore travailler à la journée pour les habitants de la commune.
Après la moisson, le fils de l’ouvrier agricole s’occupe à arracher les pommes de terre, à bêcher le terrain destiné aux pommes de terre de l’année suivante et à y conduire du fumier, à faire enfin tous les petits ouvrages autour de l’habitation. En hiver, il se repose. La fille garde la vache et les cochons. Le petit garçon va à l’école. La mère fait le ménage, raccommode les habillements et les bas, et, s’il lui reste du temps, file ou tricote.
L’ouvrier agricole achète, pendant une grande partie de l’année, la farine et le seigle dont il a besoin pour faire du pain. Malheureusement, dans les campagnes, le meunier n’est soumis à aucun règlement, ni à aucune espèce de surveillance. Très souvent, il livre aux ouvriers agricoles de la farine provenant de grain germé, échauffé ou avarié, qu’il a acheté à prix réduit et qu’il leur revend en majorant fortement le prix. Les ouvriers agricoles doivent encore s’estimer heureux si cette farine n’est pas encore falsifiée par le mélange frauduleux de matières étrangères. Il peut donc être trompé sur la qualité, mais aussi sur la quantité, n’ayant chez lui ni poids, ni balance pour vérifier la quantité que lui vend le meunier. Le meunier lui demande, pour la mouture, 10% en farine, plus 2 francs par 100 kilogrammes. Si le prix du grain augmente sur le marché, dans l’heure qui suit, le meunier augmente le prix de la farine. Par contre, si le prix du grain diminue, le meunier attend le marché suivant, avant d’appliquer la diminution sur le prix de la farine. L’ouvrier agricole est donc toujours perdant.
Le cultivateur, au contraire, livre son grain au meunier, en le pesant d’abord, puis, lorsque le grain est moulu, il vérifie la pesée du meunier. Le meunier ne lui prend que 8% de la mouture ou ne lui demande qu’un prix convenu et modéré, s’il est payé en argent.
Le budget moyen d’un ouvrier agricole peut s’établir comme suit :
– Nourriture : 776 francs – Location de la maison et de la terre : 110 « – Habillement du père : 54 « – Habillement de la mère : 42 « – Habillement des enfants : 102 « – Achat de fil, cordon, aiguilles : 12 « – Coucher : 8 « – Eclairage : 61 « – Chauffage : 61 « – Blanchissage : 23 « – Entretien de l’habitation : 23 « – Entretien du mobilier : 18 « – Frais de culture : 37 « – Nourriture du bétail : 70 « – Dépenses de luxe : 18 « Soit un total : 1.342 francs
Ses recettes étant de 1.203 francs, il dégage donc un déficit de 139 francs.
Pour apurer ce déficit, il va tenter de réduire ses dépenses :
– Sur la nourriture : en vendant une partie de son lait et de son beurre (donc en mangeant son pain sec) ; en n’assaisonnant que fort peu les pommes de terre et les légumes ; en mangeant fort peu de viande ; s’il a beaucoup de pommes de terre, il en mangera beaucoup et moins de pain.
– Sur les vêtements : en mettant des vêtements rapiécés ; en les faisant durer autant que possible ; en manquant de vêtement, ainsi que sa femme et ses enfants.
– Sur le chauffage : en se privant de feu chaque fois qu’il le peut.
Ainsi, l’ouvrier agricole peut parvenir à équilibrer ses dépenses et ses recettes, mais en se résignant à des privations et à des souffrances, qui lui seront d’autant plus pénibles qu’elles porteront sur des objets de première nécessité.
Mais bien souvent, l’ouvrier agricole ne pourra subvenir à ses besoins sans crédit. Il mettra en gage (Mont de Piété) certains de ses maigres biens. Il engagera même parfois, le lundi ou le mardi, les vêtements du dimanche, pour les retirer le samedi suivant.
La mécanisation modifie le travail agricole (Waremme)
Après 1960, l’usage des moissonneuses-batteuses et autres arracheuses de betteraves, réduit de manière brutale les déplacements des ouvriers agricoles et des saisonniers, dans la région de Waremme.