En 1948, Une journée au pensionnat de l’Institut Notre-Dame des Filles de la Croix.
6h30 : Lever au son de la sonnette. Ablutions à l’eau froide dans sa chambrette. Les pensionnaires disposent d’un bassin, d’un broc à eau et d’un vase de nuit rangé dans la table de nuit. Le cérémonial de la vidange des eaux est également rythmé par la sonnette. Les chambrettes sont séparées par des cloisons de bois et fermées par des tentures. Interdiction de se passer quelque chose par-dessus les cloisons. Les curieuses qui sont tentées de regarder chez la voisine, en grimpant sur le lit sont passibles d’une « carte rouge » et d’une retenue. A la troisième carte rouge, c’est le renvoi assuré.
7h00 : Messe quotidienne obligatoire. Chaque pensionnaire doit occuper la place qui lui a été imposée. Les jeunes filles se présentent sur deux files dans l’allée du milieu. Au premier signal, elles font la génuflexion ; au second elles entrent dans les bancs. La même discipline est imposée à la sortie : signal – sortie des bancs ; signal – génuflexion; signal – demi-tour ; signal – sortie sur deux files. Au passage, elles doivent saluer la Mère Supérieure et toute la communauté religieuse qui occupent les rangées du fond de la chapelle.
7h30 : Déjeuner, après un passage silencieux au vestiaire pour y déposer le manteau bleu, le béret et le missel. Le vestiaire est situé au fond de la salle des fêtes, derrière les portes qui s’ouvrent en accordéon. On les replie pour les séances de fête. Ce procédé permet l’installation d’une haute estrade, qui devient alors scène de théâtre. Au réfectoire, l’entrée se fait en rangs. Après la prière, la sonnette dicte aux pensionnaires de s’asseoir, puis de déjeuner en silence. Certains dimanches, il est cependant permis aux jeunes filles de parler pendant le repas.
8h00 : Récréation dans la cour des internes. Pendant les récréations de dix heures et de midi, les externes n’ont jamais accès à la cour des internes.
8h30 : Classe.
12h00 : Dîner, puis récréation.
13h30 : Classe.
16h00 : Goûter, suivi d’une récréation.
De 16h30 à 18h30 : Etude.
18h30 : Complies.
19h00 Souper, puis récréation.
20h00 : Coucher, avec obligation de passer aux toilettes avant de se mettre au lit. Les toilettes sont situées au fond de la cour des internes.
La Mère Supérieure, les Directrices, les Sous-Directrices et les autres religieuses se promènent dans le jardin pendant la pause de midi ou après 16h00. Les pensionnaires s’immobilisent alors dans la cour et, conformément à ce qui leur a été enseigné, se baissent en une grande révérence respectueuse, au fur et à mesure que la trentaine de religieuses progressent le long du mur longeant la cour.
Le jardin est arboré, fleuri, impeccable. Il y a plusieurs potales, des chapelles, des gloriettes, une grotte de Lourdes, et même un bosquet (à l’emplacement de l’actuelle école primaire). La ferme de Sœur JOSEE, avec ses vaches, cochons et poules tente énormément les pensionnaires. Le superbe potager produit tous les légumes nécessaires aux repas des religieuses et des pensionnaires. Interdit aux pensionnaires, le jardin ne leur est accessible que pour la procession de la Fête-Dieu. A cette occasion, on dresse au moins quatre reposoirs pour le Saint-Sacrement. La cérémonie se déroule en grande pompe et pourtant, il n’y a aucun « étranger ».
Un dimanche au pensionnat.
7h00 : Messe. 10h00 : Grand-messe chantée. 15h00 : Vêpres. 18h30 : Complies.
Quand le temps le permet, les jeunes filles partent en promenade, en rangs serrés, trois par trois, une religieuse devant, une religieuse derrière. Elles marchent d’un bon pas. Elles ne peuvent adresser la parole à une éventuelle connaissance rencontrée en chemin. Parfois, elles croisent les rangs des collégiens de Saint-Louis.
Présence masculine.
Certains jours après quatre heures, les pensionnaires ont des cours de gymnastique, donnés par Monsieur RONGVEAUX J. C’est la joie. Comme il n’y a pas de gymnase, ces cours sont donnés dans une salle. Comme Monsieur RONGVEAUX J. est un homme, la surveillance d’une religieuse s’impose. Par ailleurs, une religieuse assiste aussi aux cours de religion, donnés par un prêtre.
L’hygiène au pensionnat.
Une fois par semaine, les jeunes filles ont accès à la salle de bains, toujours suivant un cérémonial établi. On ne dépasse pas telle quantité d’eau ; on ne peut fermer la porte à clé, mais on doit s’asseoir le dos à la porte, afin de ne pas s’exposer nue aux regards de la surveillante qui pourrait entrer dans la salle de bain. On recommande même aux pensionnaires de ne pas se regarder en se lavant. Chaque semaine, il y a des séances de vérification des poux …